Écume et tourbillon

Javiera Tejerina-Risso est une artiste et chercheure franco-chilienne née à Santiago du Chili. Elle questionne la notion de flux et du mouvement à travers des installations, des films ou des photographies. Sa démarche vise à souligner l’impermanence de la nature et les possibles traces qu’on peut y saisir. Après une formation de réalisation audiovisuelle, elle développe des pièces qui interrogent la plasticité de la matière et le passage du temps. Ses recherches l’amènent à s’approprier des matériaux produits par des laboratoires de recherche, puis à co-produire des matériaux autour de cette notion de flux dans une démarche de collaboration transdisciplinaire. Elle participe en 2012-2013 au programme d’expérimentation en Arts et Politique SPEAP dirigé par Bruno Latour à Sciences Po. Actuellement, elle mène des recherches dans le cadre d’un doctorat théorie et pratique de la création artistique à l’Université d’Aix-Marseille sous la direction de P. Le Gal et J. Sapiéga sur comment représenter le monde à travers le rythme des océans. Ses pièces ont été exposées en France, Allemagne, Turquie et aux USA ; ses films ont été présentés dans divers festivals nationaux et internationaux comme Vidéoformes (Clermont Ferrand), Traverse Video (Toulouse), OVNI (Nice), Proyector (Madrid), IVAHM (Madrid, Mexico),Time is Love Screening, Festival d’Aubagne, RISC (Marseille)… En 2018, elle a été nominée pour le prix Opline prize par Theo Jansen.
http://javieratejerina-risso.com/

Chercheur au CNRS depuis 1988, Patrice Le Gal est aujourd’hui Directeur de Recherche à l’Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Équilibre où il se consacre à l’étude des écoulements des fluides dans toute leur diversité : de la bioluminescence du plancton marin ou du déferlement des vagues jusqu’aux écoulements dans les noyaux planétaires ou dans les disques d’accrétion des étoiles. Ces dix dernières années, il a également développé des projets de recherche qui établissent un dialogue entre Art et Science. Ce parcours éclectique lui a ainsi permis de travailler avec des mécaniciens des fluides et des ingénieurs du monde industriel, des physiciens théoriciens, des géophysiciens et des astrophysiciens, des biologistes et des artistes.
https://sites.google.com/site/patricelegalsite/
https://irphe.univ-amu.fr/

A tale as a tool est un projet artistique et scientifique débuté en 2011 qui réunit une anthropologue (Sandrine Teixido) et un artiste (Aurélien Gamboni) autour des enjeux environnementaux contemporains. Considérant la nouvelle d’Edgar Allan Poe comme un puissant outil de pensée, ils ont procédé à une collecte de témoignages et de récits permettant d’interroger la perception des risques environnementaux, et d’expérimenter les possibilités offertes par la fiction d’ouvrir de nouveaux espaces pour l’action. Endossant le rôle d’enquêteurs, ils ont conduit des recherches de terrain au Brésil, dans la région des Grands Lacs (Etats-Unis-Canada), et jusque sur les lieux mêmes de l’histoire de Poe, dans le Grand Nord norvégien, là où l’écrivain américain ne s’est lui-même jamais rendu. Adaptation aux inondations, glissements de terrain, résistance au développement de l’industrie du pétrole, politiques de l’eau : la multiplicité des enjeux soulevés fait écho à la diversité des personnes rencontrées, de leur parcours et de leurs engagements. Prenant pied sur plusieurs continents, cette enquête au long cours a constitué progressivement un ” bagage de récits ” d’une grande diversité, qui a donné lieu à des événements dans plusieurs musées, centre d’art, théâtres et biennale, et dont les archives peuvent être consultées sur le site : ataleasatool.com

Sandrine Teixido (1974) est titulaire d’un doctorat en ethnologie et anthropologie sociale du Centre Georges Simmel, EHESS, Paris et enseigne l’anthropologie à l’Université Toulouse Jean-Jaurès et à l’école d’ingénieur CentraleSupélec. Elle est également curatrice pour l’action de Nouveaux commanditaires soutenue par la Fondation de France.

Établi à Genève, Aurélien Gamboni (1979) est artiste, ancien curateur de l’espace d’art Forde, et collaborateur scientifique du projet de recherche The Anthropocene Atlas of Geneva de la Haute école d’art et de design (HEAD), où il enseigne actuellement. Il a mené dès 2010 une enquête de longue haleine sur l’Escamoteur de Jérôme Bosch et l’écologie de l’attention, qui lui a valu un Swiss art award en 2016.
Leur collaboration sur le projet d’art et d’enquête A tale as a tool , mené entre le Brésil, la Norvège et les Etats-Unis, a donné lieu a plusieurs expositions et performances, notamment pour le Festival Les Urbaines à Lausanne (2011), la 9e Biennale du Mercosul à Porto Alegre (2013), le Théâtre de l’Usine à Genève (2014 – 2015), le Musée d’art contemporain MAC à Niterói (2016), la galerie G-MK à Zagreb (2016), le Centre de la Photographie à Genève (2017) et le Festival Indeterminacy à Buffalo (2018). Tous deux travaillent actuellement à la réalisation d’un film documentant l’ascension du mont Hellsegga, dont les falaises dominent le maelström cher à l’écrivain Edgar Allan Poe. En partenariat avec NA Fund, la Diagonale de Saclay et la Kunsthalle Mulhouse, ils organisent au cours de l’année 2020 une série d’ateliers publics de scénarisation pour esquisser la trame du film sur la base de leurs archives d’enquête, et constituer l’assemblée des marcheurs en vue d’Hellsegga.